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vendredi, 29 mars 2024
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La Tunisie Un Pays Dans La Tourmente

La Tunisie un pays dans la tourmente

Par Samira Ghannouchi Behi

La Tunisie se trouve, actuellement, confrontée à une crise sans précédent et à divers niveaux : politique, économique et social. Seulement, c’est l’instabilité politique qui constitue le principal frein à toute évolution, les différents protagonistes de l’échiquier ne voulant rien céder et refusent toute concession.

Ces acteurs, en principe, décideurs du présent et de l’avenir de générations, ont-ils réellement mesuré les conséquences d’un tel entêtement, qui au mieux, sauveraient leurs statuts, au pire, conduirait le pays vers l’inconnu ?

Les attentes et exigences, pré et post 14 janvier 2011, exprimées par des Tunisiens assoiffés demeurent, encore aujourd’hui, insatisfaites.

Il est vrai qu’il y a eu un certain changement que d’aucuns ne peuvent réfuter et qui est à l’origine de l’amélioration du climat général qui prévaut dans le pays, liberté d’expression, en premier. En même temps, ce changement a contribué à ressusciter les vieux démons. Les frustrations et la marginalisation, dont souffraient plusieurs régions, sont désormais révélées au grand jour, et du coup ces enclaves se retrouvent privées de cette vitrine qui servait, il y a quelques années, de paravent pour l’intérieur mais aussi, l’extérieur du pays.

Seulement, beaucoup reste à faire, les changements qui devaient en principe améliorer, ne serait-ce que le vécu quotidien et que les décideurs qui se sont relayés depuis, aux commandes du pays ont promis, lors de leurs campagnes électorales, d’y répondre.

Aujourd’hui, beaucoup sont ceux qui alertent sur la dégradation de tous les indicateurs, sociaux, économiques et politiques.

Un paysage kafkaien dont le décryptage demeure tributaire de tous les Tunisiens, toutes catégories confondues, pour que le pays recouvre sa place dans le concert des Nations modernes.

Plus, les fondements même d’un Etat moderne, Liberté, Egalité et Démocratie ne se trouvent pas, hélas, pour le moment réunis pour constituer un socle à même de venir à bout de tous les défis, et les Institutions de cet Etat se trouvent, elles mêmes, à un tournant dont nul ne peut prédire l’issue, en l’absence d’alternatives viables.

Un pays qui croule sous l’endettement

Parmi les principaux dangers qui guettent la Tunisie, l’hémorragie des Finances publiques et l’endettement qui n’en finit pas de gonfler menacent de mener le pays vers la faillite. Est-ce inéluctable ? Seuls les jours et mois qui viennent peuvent le dire.

Avec une dette extérieure qui a atteint 100 milliards de dinars (près de 30 milliards d’euros), soit 100 % du PIB, la Tunisie est contrainte de rembourser quelque 4,5 milliards d’euros l’année en cours, et a besoin d’une rallonge de 5,7 milliards d’euros pour boucler son budget 2021.

Mais comment peut-on y parvenir sans pour autant porter atteinte à la souveraineté tunisienne ? Les donations et autres aides ne peuvent à elles-seules répondre aux besoins et les principaux bailleurs de fonds ne se pressent pas au portillon, surtout que la Tunisie a tardé à demander de l’aide et à répondre aux demandes pressantes de ces institutions financières, le Fonds monétaire international, FMI, et la Banque Mondiale, notamment. Demandes qui, souvent, sous-tendent une interférence implicite et explicite dans la gestion du pays.

Dans ses pourparlers avec la Tunisie, le FMI a été le premier à exiger la réduction de la masse salariale, dans le secteur public, qu’il trouve trop élevée des suites de recrutements mal gérés. Recrutements que le gouvernement justifie, entre autres, par les besoins dictés par la pandémie de la COVID-19, opérés, essentiellement, dans le secteur de la santé et les branches qui s’y rattachent.

Dans ce contexte, le gouvernement tunisien a proposé un plan de départs volontaires, des départs à la retraite anticipée ou encore des incitations au travail à temps partiel. Ce n’est qu’ainsi, que la masse salariale pourrait être contenue autour de 15 % du PIB en 2022, contre 17,4 % du PIB en 2020.

Autre condition posée par le FMI pour débloquer un éventuel prêt : la suppression de la Caisse de Compensation. Exigence qui a provoqué le courroux de la principale organisation syndicale des travailleurs, en l’occurrence, l’UGTT.

Selon la thèse avancée par la Tunisie, il s’agit, ni plus ni moins de remplacer les subventions des prix des produits de première nécessité par des aides directes aux familles dont la situation est précaire. La finalité consiste à supprimer totalement ces subventions, à l’horizon 2024.

Un sauvetage est-il possible ?

Certes, il y a toujours des solutions pour sortir la Tunisie du marasme dans lequel elle se débat. Mais pour y parvenir, il faut tout d’abord régler la question au niveau du haut de la pyramide de l’Etat et parvenir à un consensus viable et durable entre les trois chefs de l’éxécutif et du législatif. Ainsi et seulement ainsi, la Tunisie pourrait passer à la vitesse supérieure et les différents acteurs de la vie politique, économique et sociale seront à même de gérer la crise et d’asseoir un plan de relance.

Dans la balance, les chantiers ne manquent pas : réforme fiscale, réforme de la fonction publique, réforme des entreprises publiques et réforme bancaire et financière, sans oublier le fait que la stratégie nationale de relance envisagée doit tenir compte de l’environnement économique qui y prévaut en rassurant investisseurs et opérateurs économiques, via des incitations à même de les impliquer davantage dans toute prise de décision.

En somme, pour sortir de l’ornière, la Tunisie doit adopter des réformes politiques, sur le plan constitutionnel ainsi qu’au niveau de la gouvernance qui devrait se caractériser par la transparence et l’application rigoureuse de la loi.

Samira Ghannouchi Behi
Journaliste | Plus de publications

Journaliste dans la presse écrite et audio (RTCI), après des études supérieures à l'Institut de Presse et des Sciences de l'Information. Détentrice d'un Master en NTIC en 2001, ma carrière a évolué au fil des ans et je suis devenue Rédactrice en chef.

Responsable d'un service, formatrice de jeunes journalistes et de stagiaires.
Freelance depuis 2014, avec des contributions dans des sites électroniques ( rédactrice en chef sur le site de Nessma, dans ses 2 versions).
Traduction de documents pour des Associations de la Société civile.
Samira Ghannouchi Behi
Journaliste dans la presse écrite et audio (RTCI), après des études supérieures à l'Institut de Presse et des Sciences de l'Information. Détentrice d'un Master en NTIC en 2001, ma carrière a évolué au fil des ans et je suis devenue Rédactrice en chef.
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Freelance depuis 2014, avec des contributions dans des sites électroniques ( rédactrice en chef sur le site de Nessma, dans ses 2 versions).
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